Des gens du Québec en Roumanie du 16 au 27 septembre 2009

24120050Dans ce premier article je vais surtout indiquer le contexte de ce séjour chez vous en Roumanie, l’itinéraire suivi, et quelques comparaisons, dans le temps et l’espace, avec le Québec (Canada). Sept personnes et deux guides : Horia Roscanu, directeur du Centre Emmaüs de spiritualité hésychaste 1 et Michel Saint-Onge, président des iconographes et iconophiles du Québec.

« Là où le ciel effleure la terre »

Ce thème fut celui du voyage associé organisé par Spiritours2 en collaboration avec le Centre Emmaüs. Plus qu’une visite touristique mais pas non plus un pèlerinage strict. Bref, une expérience profondément humaine et spirituelle au contact avec l’orthodoxie, l’autre poumon de l’Église indivise. Au contact des gens de Roumanie, tantôt en milieu rural, tantôt en milieu urbain. Mais pourquoi avoir choisi précisément la Moldavie, une des trois provinces de votre beau pays?

Parce que c’est un lieu où foisonnent pas mois de 200 monastères ayant résisté aux affres du temps et du communisme – dont vous fêtiez le vingtième anniversaire de son effondrement (1989-2009) – et aussi parce que le contexte général de la vie est à l’enseigne d’une société traditionnelle, agraire et pastorale. Et au cœur de toute l’Europe, la Roumanie constitue certainement un témoin contemporain du contraste partout présent entre un mode de vie séculaire et la modernité en train de poindre comme nous avons pu l’observer à notre arrivée à l’aéroport de Bucarest.

Si les travaux de la terre sont amplement encore le fait d’une approche manuelle et artisanale, en revanche, l’utilisation du téléphone portable est omniprésent, y compris dans les monastères visités. La majorité des voyageurs ont connu le Québec d’avant la Révolution Tranquille (1960) – société traditionnelle alors fortement imprégnée de la culture et de la religion catholique – et des lendemains où la mise à niveau avec la modernité (et peut-être même la postmodernité) a provoqué et provoque toujours une « crise identitaire » au cœur même d’une profonde mutation qui marque indéniablement tout l’hémisphère occidentale. C’est pourquoi les comparaisons furent facilitées en un certain sens. Et nous comprenons la transformation, lente mais irréversible, de la Roumanie du XXIe siècle.

La Moldavie est une région de collines et de vallées, un lieu propice à la rêverie, au recueillement et à la méditation. Nous comprenions dès lors pourquoi l’hésychasme (paix intérieure) a émergé de façon particulière dans cet espace géographique précis, le vôtre. Vous l’exprimez aussi par votre tradition des icônes (fenêtres sur l’Invisible) et sur ces fresques extérieures de monastères classés dans le patrimoine mondial de l’UNESCO. Voici, en bref, notre itinéraire qui fournira l’occasion, dans de prochains articles, de revenir sur des aspects plus particuliers de notre séjour inoubliable chez vous.

Partis de Montréal le 16, nous arrivions à Bucarest le lendemain, 17 septembre. Nous avons visité, en soirée, le centre même de Bucarest avec son allée principale, ses fontaines, et ce qui fut un temps « la Maison du peuple ». Le vendredi 18, visite du patriarcat orthodoxe et du monastère Antim dans la vieille partie de la capitale. Une rencontre d’un moine à la pensée libre et généreuse nous a inspirés : une expérience de dialogue féconde. Puis, le samedi 19, en route vers Suceava en Bucovine, pays de collines et de vallées adossées aux Carpates et gardien d’une civilisation très ancienne. Nous y avons contemplé une imposante cathédrale orthodoxe en construction. Cela nous a fait réfléchir, car ici au Québec des églises, de tradition catholique ou protestante, sont, ou bien vendues et transformées ou carrément détruites. Puis, le dimanche, nous nous retrouvons au monastère Sucevitsa, datant du 16e siècle avec ses fresques intérieures et extérieures particulières. Et nous poursuivons notre route.

Lundi le 21 septembre, premier jour d’automne, on se trouve au joyau de la Bucovine, le monastère Voronets (15e s.), la « chapelle Sixtine de l’Orient ». Le lendemain, ce sera celui de Moldovitsa avec sa fresque l’Hymne Acathiste. Le mercredi 23, le « village de l’Amour » (Agapia) habité par quelques centaines de moniales dont le régime de vie rappelle le monachisme ancien des Pères et Mères du désert. Puis nous filons vers le monastère de Neamt (14e s., et donc le plus ancien de Moldavie). C’est un lieu historico-religieux majeur dont nous aurons beaucoup à dire. Neamt sera notre lieu de séjour pour joindre par la suite, jeudi le 24, le monastère de Sihastria, perdu dans la forêt et marqué par le passage d’un grand spirituel, le père Cleopa (1912-1998). Vendredi, ce sera celui de Varatec mais nous voulons ensuite aller du côté de la Transylvanie, visiter son célèbre château de Dracula et nous participerons à la « journée du mouton » qui souligne le retour des bergers et des troupeaux gardés durant toute la période de pâturage. Souvenirs nombreux et inoubliables.

Puis samedi le 26 septembre, nous revenons à Bucarest et dimanche nous participons à une liturgie gréco-catholique pour ensuite, et déjà, nous diriger vers l’aéroport.
Nous reviendrons donc, dans les prochains récits, à divers lieux marquants que ce soit d’un point de vue culturel, architectural ou religieux. Nous vous parlerons, en parallèle, du Québec d’hier et d’aujourd’hui, car notre croissance et la vôtre, comme pays et société, partageons une certaine parenté.

•    Yvon R. Théroux, bioéthicien, religiologue et théologien (Université de Sherbrooke / UTA/ Faculté d’éducation).
1    Centre Emmaüs de spiritualité hésychaste : www.centre-emmaus.qc.ca
2    Spiritours : http://spiritours.com

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