Stéphanie Cohen Chaptal: „J’ai toujours considéré qu’il est toujours temps de mourir.”

Studiind iniţial teatrul, Stéphanie Cohen Chaptal va lucra îndeaproape, la Théâtre National de la Colline, cu reputaţii Alain Satgé şi Jorge Lavelli. Se va angaja în colaborări cinematografice (scenaristică) cu regizorul experimental Eric Vigner, incluzând aici adaptarea după „Păsările” lui Aristophanes sau „L’Empio Punito”, ultima interpretare de operă a mitului Don Giovanni. Romanul ei Camille Judith Claire va inspira editura Denoël în lansarea colecţiei Format Utile, dedicată literaturii experimentale şi „progresive”. Notorietatea internaţională a Stéphaniei Cohen Chaptal a fost „cauzată” de portretele (world portraits) pe care le-a scris pentru publicaţiile Vogue Paris şi Numéro, la sfârşitul anilor 1990 – caracterizări intime ale unor figuri celebre din lumea modei, printre care designerii Véronique Leroy, Yoji Yamamoto, Nicholas Gasquière, actorul şi compozitorul Alain Souchon sau fotomodelul Kate Moss.

A colaborat cu fotografii Inez van Lamsveerde şi Vinoodh Matadin în numeroase expoziţii şi campanii. Scriitura sa învăluitoare, tandră şi parţial autobiografică a câştigat, deopotrivă, lumea modei şi a literaturii. Pe Stéphanie Cohen Chaptal am descoperit-o întâmplător în campania erotică Yves Saint Laurent Homme, colecţia toamnă/iarnă 2009-2010 (realizată de I. van Lamsveerde şi V. Matadin). Aflat în tabăra masculinităţii, mi-e foarte greu să găsesc adevărul adevărat despre această femeie, despre vocea ei cutremurător de penetrantă. Numele ei apare la sfârşit, aproape uitat printre rânduri, iar, de la această distanţă mediată virtual, asişti, prizonier, la năvala pixelilor negri ai uitării. Textul pe care l-a scris pentru această campanie [pe care o puteţi urmări la sf. acestui interviu] (dar şi interpretarea ei – aici se observă, printr-un filtru de sticlă, educaţia ei teatrală) este (ignor cuvântul „probabil”) cea mai frumoasă scrisoare de dragoste scrisă vreodată de o femeie către un bărbat.

Din contră, îmi par neprofesionişti, naivi cei care se feresc să folosească superlative. Pentru că eu mă voi opri din a mai căuta. Am ales să îi acord ei acest „o dată în viaţă”.

Chestionarul The Chronicle vs. Stéphanie Cohen Chaptal

George Şerban: What book(s) are you reading now ?

Stéphanie Cohen Chaptal: Alors en ce moment, je lis:

1. La Thorah.

2. “Je ne sais pas maigrir” de Dukan, mon best-seller préféré après “J’arrête de fumer”. Ca donne l’impression d’avoir les clefs dont tout le monde rêverait pour maigrir ou arrêter de fumer même s’il ne faut pas, bien sûr, le prendre au premier degré!

3. Un bouquin qui trône au dessus de mes toilettes “Toutes les questions que vous avez toujours voulu poser sur le sexe sans oser le demander”, c’est génial, c’est simple, clair et direct et c’est chez Fayard.

4. La biographie de Sartre par Annie Cohen-Solal.

5. Un bouquin tombé dans l’eau que j’ai mis à sécher et qui grâce cette opération magique, tient tout seul sur sa tranche. C’est super beau un livre qui s’ouvre comme un jeu de cartes dont je choisis de temps en temps une page au hasard pour y lire mon destin…

G.Ş.: What do you fear most ?

Stéphanie Cohen Chaptal: Kannibal LeXter, la version “criminel pshycho” du personnage d’Hannibal Lechter du Silence des agneaux. Aussi fou, aussi incontrôlable et aussi dangereux qu’Anthony Hopkins sauf qu’il vit en liberté. En effet, il est impossible de dénoncer ses crimes. Car ils sont immatériels Sa violence est pourtant d’une puissance destructrice inimaginable et d’une folie démoniaque puisqu’elle pousse ses victimes, au suicide, à la mort accidentelle par la puissance de son impact sur le mental ou même, à la folie… Or sans preuve, pas de crime. La Loi des hommes est impuissante face à cette folie destructrice. Kannibal LeXter peut donc continuer à agir en toute impunité et pour moi, c’est ce qu’il y a de plus terrifiant aujourd’hui… Vous comprendrez que je lise la Thorah !

G.Ş.: Electric or acoustic ?

Stéphanie Cohen Chaptal: Eclectique, bien sûr! Tout est éclectique en moi, mes goûts, mes intérêts, mes valeurs, mes emplois du temps, mes enfants et même, mon sexe. D’ailleurs à ce sujet je parlais avec une petite fille de trois ans, dans ma cuisine: On se taquinait, “Toi, tu es un garçon! Non toi! Non c’est toi!” Jusqu’au moment où j’ai senti qu’elle allait vraiment se mettre à pleurer alors pour la rassurer, je lui ai dit:

“- Mais si toi, tu es une fille. Regarde, tu es habillée en rose !”
Alors elle a repris du poil de la bête et elle enfoncé le clou:
“- Oh bon, d’accord mais toi, tu es vraiment un garçon.”
Là moi, j’ai fait semblant de pleurer et je lui ai demandé :
“- Mais pourquoi, moi, je suis un garçon?”
“- Parce que, toi, tu es beau !” (différent de “belle”… pour une fille, en français!)

No comment.

G.Ş.: What is truth ?

Stéphanie Cohen Chaptal: Pour moi, la vérité se définit surtout quant au pouvoir. Quand quelqu’un ou quelque chose prend le pouvoir sur quelqu’un d’autre pour le détruire. Ca peut être la drogue… la violence… mais aussi la bouffe, la couleur, l’air du temps et même la mode. A partir du moment où il y a un oppresseur et un opprimé. Et qu’il s’agit de savoir qui use de son pouvoir pour détruire quel autre, la vérité se définit pour moi, dans le fait de savoir qui est coupable et qui est un innocent. Sinon la vérité est vraiment alléatoire, chacun a la sienne, chacun selon ses propres valeurs et souvent même, selon les différentes situations qu’ils peut vivre. Par exemple un homme ou une femme qui a une vie familale très riche peut tout a fait aimer vraiment la personne qui partage sa vie et aimer aussi ses parties secrètes… Donc la vérité, je ne sais pas ce que c’est mais elle existe et elle n’est pas “forcément” bonne à dire.

G.Ş.: Where are you now ?

Stéphanie Cohen Chaptal: I am in Paris, in my bed, dans mon odeur… Dans mon imaginaire, mon cocon, mon plaisir, mes désirs, mon corps, ma tête, mes joies, mes peines, ma douleur, la chair de ma chair, à Milan, à trois rues d’ici, avenue Denfert Rocherau ou peut-être dans une rue sur un skate. Mon corps se repose, ma tête prie, concentrée pour un monde meilleur, cherchant sa raison d’être, un raison d’être ici sur terre avec vous, forcément il y a un sens à cela et comme c’est un sens qui a un début et forcément une fin, il s’agit pour moi, en ce moment, d’investir vraiment le corps, l’enveloppe terrestre qu’on m’a prêtée avec grâce, un temps, le temps pour moi, de faire au mieux. Je suis là dans mon lit, à Paris et je suis aussi là pour… L’éternité.

G.Ş.: Do you believe in life after death ?

Stéphanie Cohen Chaptal: I couldn’t say no! Impossible de dire non après ce que je viens de dire et d’ailleurs je n’essaierais pas. Oui, je crois, je suis sûre qu’il y a une vie avant et après et vraiment, je me sens investie du devoir de partager cette conviction d’être si peu de chose en regard du temps qui nous a précédé, du temps qui je l’espère, nous suivra, en ce temps étrange comme tous ceux qui l’ont précédé (je ne suis pas nostalgique de l’échafau, hein!) où on écrit sur les paquets de cigarettes – FUMER TUE – ce qui à chaque fois, me semble une hérésie et en même me fait tellement rire car pourquoi ne pas écrire plutôt: VIVRE TUE???

G.Ş.: What is the strangest thing that ever happened to you ?

Stéphanie Cohen Chaptal: La chose la plus étrange qui me soit arrivée est de l’ordre du miracle. J’étais allée me recueillir avec son cousin JBM sur la tombe de mon premier amour Martin L., mort il y a vingt ans… Quand j’ai voulu prendre une photo… J’ai donc demandé à JBM de poser. Comme il a beaucoup d’humour et qu’avec lui et Martin L., à l’époque, nous formions une équipe très anto-conformiste voir hérétique, il n’a pas hésité à poser la main comme s’il allait s’accouder à la croix qui surplombait la pierre tombale… Quand sur l’écran… noir de mes nuits blanches ou plutôt… sur celui de mon iPhone est apparu un arc en ciel partant du haut de la croix et allant jusqu’au ciel. Là j’ai dit à JBM :

“- JBM, je crois que je vais devenir très croyante…
– Pourquoi? m’a-t-il demandé en éclatant de rire !
– Parce que je vois un arc en ciel.
Comprenant que là, j’étais vraiment sérieuse, il s’est retourné…
– Ah ! s’est-il alors exclamé, ahuri devant ce phénomène inouï.”

G.Ş.: Can you name us three historical events you wish you’d been part of ?

Stéphanie Cohen Chaptal: La première chose qui me vient, c’est la révolution française, car j’aurais aimé être Marie-Antoinette la 16 octobre 1793, il y a donc pile 219 ans pour sentir le couperet de la guillotine sur mon cou d’aristocrate et ma tête tomber pour mon peuple. Ensuite j’aurais aimé être Wyatt Earp le 26 octobre 1881 lors de la bataille d’Ok Corral au moment où les Etats-unis d’Amérique étaient encore aux mains des cow-boys et des indiens pour rétablir la justice en dépit de la profonde violence qui y régnaient alors et répondre avec courage et vertu au devoir impérieux de justice qui l’animait. Enfin, j’aurais adoré vivre au temps du Roi soleil pour vivre à la cour, mettre des corsets et surtout des crinolines (qui ont toujours été ma passion) pour aller au bal et danser dans les bras de mon prince charmant… Mais surtout pour voir ce jeune roi de vingt-trois ans prendre les rennes de son destin et dire ceci à ses ministres: “le cardinal de Mazarin est mort, Messieurs les Ministres, c’est à moi que vous vous adresserez désormais. Je veux à l’avenir gouverner moi-même mon royaume. Je ne veux point de Premier Ministre, je me servirai de ceux qui ont des charges pour agir sous moi selon leurs fonctions et, s’il arrive que j’aie besoin de vos conseils, je vous en demanderai” Et choisir le soleil et Apollon comme symbôle des Arts et des lettres et me déguiser en soleil lors d’une fête de la cour…en 1667 (mon année de naissance étant 1967).

G.Ş.: The most sentimental song you’ve listened to ?

Stéphanie Cohen Chaptal: Pour moi, la chanson sentimentale absolue c’est You are the sunshine of my life de Stevie Wonder. Rien ne l’égal. Peut-être parce que c’était une des chansons préférés de Martin L., mon Amour de jeunesse qui s’est suicidé, et parce que je l’entends encore me chanter cette chanson avec sa voix de rossignol milanais! Mais c’est aussi parce que elle est romantique, sensuelle, entrainante, et qu’elle fait vibrer au plus profond de l’âme, là où il fait bon vivre et aimer. Je peux danser des heures nue sur cette chanson que je mets en boucle, j’ai l’impression d’entrer en transe pour une ode absolue à la sensualité et à l’amour…

G.Ş.: Do you like sushi ?

Stéphanie Cohen Chaptal: Oui, j’aime bien les sushis mais surtout la box de sushishop qui m’a été recommandée un jour au jardin du Luxembourg où nous promenions nos enfants par une grande artiste française Dominique Gonzales-Foerster alors que je lui disais que je n’aimais justement pas ça. Le soir même on la commandait à la maison et ça a été une explosion de goût et de textures qui créèent des sensations diverses qui se répondaient, se contredisaient et inventèrent un sentiment addictif. Depuis quand on veut se faire une folle soirée télé débile avec plateau et suhi à volonté, on commande la sushi box de chez sushishop. Bon autrement, le sushi n’est pas vraiment MON truc préféré.

G.Ş.: What’s to be done if the end of the world won’t come this year either ?

Stéphanie Cohen Chaptal: Franchement si la fin du monde ne devait pas arriver cette année, il faudrait à mon sens faire un peu plus attention à la planète et les uns aux autres. J’ai un livre chez moi qui s’appelle Where the children sleep… C’est un bouquin magnifique qui fait le tour de monde des chambres d’enfants. Quand j’éteins la lumière la nuit, le titre du livre s’éclaire et le mobile qui est dessiné sur la cover aussi. Cela me rappelle qu’il y a des enfants qui, en même temps, que moi dorment en ce moment sur un canapé ou dans une décharge ou dans un champs sur un bout de bois en guise d’oreiller. Je suis hallucinée par la capacité de l’homme, moi y compris, à se culpabiliser d’avoir un certain confort et en même temps de ne s’occuperque de ça… Je pense que la planète souffre, qu’elle nous le dit et que nous nous bouchons les oreille comme l’autruche de Mauricio Cattelan qui a sa tête enfoncée dans le béton…

G.Ş.: With what impressions you would leave the Earth today ?

Stéphanie Cohen Chaptal: Si je devais quitter la terre aujourd’hui, je partirais la tête haute… Avec l’impression d’avoir vécu à fond et intensément chaque moment de ma vie. D’abord j’ai trois enfants merveilleux et c’est miraculeux pour moi qui suis totalement irréaliste d’avoir réussi à être une mère de famille nombreuse. Donc, ça c’est le plus important après le fait d’être toujours restée fidèle à mes engagements que ce soit en amour ou bien dans mes choix professionnels ou personnels, je ne me suis jamais trahie et je me sens être une âme pure même si plus les années passent et plus c’est dur… Malgré tout je reste authentique et je ne joue pas de double jeu donc je partirai avec l’impression d’avoir été une femme bien, quelqu’un qui peut se regarder sans honte dans le miroir et se dire “bon jusque là, tout va bien!”

G.Ş.: What are you thinking when you hear about “human rights” ?

Stéphanie Cohen Chaptal: Je pense que c’est bien et que c’est important ! A Paris, mon monument préféré est l’UNESCO. D’abord j’adore son architecture, ensuite, il règne tout autour une quiétude qui m’enchante et enfin, je le contourne toujours avec une immense admiration pour le fait que malgré tout, l’être humain est capable d’ériger un monument en faveur des droits de l’homme et ce malgré toutes les horreurs dont il est capable. J’aime que toutes les nations se regroupent et aient cet espoir et peut-être cette illusion qu’une administration puisse établir des règles et se battre pour qu’il règne parmi nous une certaine idée de la justice. Bien sûr, on sait bien que c’est un peu illusoire et que c’est une manère de se rassurer pour ne pas avoir l’impression d’être entouré d’assassins et sachant que c’est faux… Car malgré ce que l’inconscient collectif croit non seulement la plus grande partie des criminels est en liberté mais en plus, il y a en “un potentiel” en chacun de nous et c’est à celui-là qu’on doit avant tout, faire la peau.

G.Ş.: The thing you’re looking for but still haven’t found it ?

Stéphanie Cohen Chaptal: La paix. Je rêve de paix, d’avoir la paix, de trouver la paix, de faire régner la paix, en moi, autour de moi mais aussi dans le monde.

G.Ş.: What is a poem ?

Stéphanie Cohen Chaptal: “…Je vous ferai pleurer, c’est trop de grâce parmi nous. / Pleurer de grâce et non de peine comme dit le chanteur du plus beau chant; / Et de ce pur émoi du cœur dont j’ignore la source, / Comme de ce pur instant de mer qui précède la brise…” // Parlait ainsi homme de mer, tenant propos d’homme de mer. / Louait ainsi, louant l’amour et le désir de mer / Et vers la mer, de toutes parts, ce ruissellement encore des sources du plaisir… // “C’est une histoire que je dirai, c’est une histoire qu’on entendra ; / “Et de telle grâce, sera-t-elle dite qu’il faudra bien qu’on s’en réjouisse: / “Certes, une histoire qu’on veuille entendre, dans l’insouciance encore de la mort, / “Et telle et telle, en sa fraîcheur, au cœur de l’homme sans mémoire, / “Qu’elle nous soit faveur nouvelle et comme brise d’estuaire en vue des lampes de la terre. // “Et de ceux-la qui l’entendront, assis sous le grand arbre du chagrin, / “Il en est peu qui ne se lèvent, qui ne se lèvent avec nous et n’aillent souriant, / “Dans les fougères encore de l’enfance et le déroulement des crosses de la mort.” – dans Amers de Sir Saint John Perse.

G.Ş.: Everything is relative ?

Stéphanie Cohen Chaptal: Non, pas tout à fait “tout”.

G.Ş.: What is rationality’s purpose?

Stéphanie Cohen Chaptal: Pour moi, la rationalité ne correspond à rien. Voici une anecdote pour corroborer mes dires. Comme une sénatrice me demandait, il n’y a pas si longtemps :

“- Mais, enfin, ne voulez-vous pas être raisonnable?”
Je n’osai pas lui répondre (ce que je pensai pourtant de toute mon âme):
“- IMPOSSIBLE, cet adjectif m’a toujours été, m’est et me sera éternellement étranger!”

G.Ş.: Are you happy ?

Stéphanie Cohen Chaptal: Très. Et très malheureuse aussi.

G.Ş.: An artist you recommend and a reason to why we should pay him/her attention ?

Stéphanie Cohen Chaptal: Frida Khalo… Si je blague: parce qu’elle vend les frites au kilo. Sinon parce que.

G.Ş.: Is life enough ?

Stéphanie Cohen Chaptal: Ah oui, la vie, ça suffit! J’ai toujours considéré qu’il est toujours temps de mourir. Donc oui, heureusement, la vie, ça suffit.

G.Ş.: What can you tell us about Paris ?

Stéphanie Cohen Chaptal: Paris.

G.Ş.: Who killed Kennedy, after all ?

Stéphanie Cohen Chaptal: Paris Hilton. Pour Paris et pour le Hilton, parce que je pense fondamentalement que cet homme qui était je pense, un grand homme politique, a été abattu à cause de son talent et surtout de son courage et de sa liberté. On n’aime pas sur terre les gens libres. C’est j’en suis convainue, ce qui excite le plus la jalousie. Et la jalousie est très implacable et meurtrière… Cf Othello de Shakespeare.

G.Ş.: What significant progress you notice from cave life to the present ?

Stéphanie Cohen Chaptal: L’écriture, forcément !

G.Ş.: What are you planning to do tomorrow?

Stéphanie Cohen Chaptal: Alors demain, je dois aller payer l’ortodontiste pour mon fils aîné, je ferai comme chaque jour, mon italien, mes comptes, j’aimerais bien regarder un western parce que je suis en train de faire un travail là-dessus, traîner avec mes enfants, il faut que je travaille sur l’écriture de mon prochain roman et aussi sur les portraits en mots que je vais publier dans mon prochain recueil et écrire pour ma prochaine expo…

G.Ş.: The illusion you refuse to confront with the concrete reality ?

Stéphanie Cohen Chaptal: C’est incroyable comme toutes ces questions raisonnent en moi. Comme si elles avaient été inventées à mon intention… Là vraiment vous touchez, pour moi, à une question fondamentale de mon existence. Si j’ai un combat sur cette terre, c’est vraiment celui-là. Il faut à tout prix, savoir confronter ses illusions à la réalité. C’est le but majeur de l’existence. Rien n’existe qui ne soit réalisable et surtout pas les choses qu’on pense à priori, impensable par rapport à l’idée concrète qu’on se fait dans sa tête de la réalité. Pour moi, le concret n’existe que dans la réalisation de l’illusion. Donc l’ illusion doit à tout prix être confrontée à la réalité concrète sinon la vie n’a définitivement aucun sens. Se faire des illusions, c’est ce qu’il y a de plus beau au monde et voir si elles peuvent prendre sens, c’est encore plus merveilleux. Rien n’est illusoire qui ne puisse se concrétiser, peut-être. Il faut tout tenter et mettre toutes ces forces dans la réalisation. Car, la vie, quand l’illusoire se concrètise, ouha, c’est trop bon.

G.Ş.: A question for posterity ?

Stéphanie Cohen Chaptal: Qui suis-je? Où vais-je? D’où viens-je?

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Stéphanie Cohen Chaptal este scriitoare.

[Text şi voce – Stéphanie Cohen Chaptal]

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